mardi 19 juin 2012

Le russe - l'exigence de la séparation

Issu d'une histoire souvent sombre et tourmentée, le peuple russe est pourtant parmi les plus droitement joyeux, comme possédés d'une muette allégresse née de l'intégrité d'une nation.

Riches d'une histoire chrétienne fort remarquable, ils restent à ce jour pour beaucoup très dévoués à Dieu--et ce malgré les efforts et les attaques proférés à maintes reprises pour essayer de les briser.

"Le juste tombe sept fois et se relève toujours," dit l’Écriture, et il en est ainsi de ce pays qui--transi de froid--échafaude des monuments, des oeuvres, des missions, rêve encore avec une vigoureuse intelligence et ne se laisse pas abattre.

Sa langue ne peut qu'être le reflet de son caractère : derrière les lettres obscures se profile un parler mâle, utile, quoique non sans séduction. Les rigueurs de sa grammaire récompenseront celui qui s'y adonne par la joie de la précision et de son organisation sans faille, et les oeuvres auxquelles il lui permettront d'accéder sont sans comparaison dans la littérature de tous les temps.*

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* On  pense à Dostoyevski, mais surtout Tolstoï, et à Pouchkine, entre autres...

Le latin - langue du pouvoir et de la rationalité

Le latin hérite des Grecs par son admiration même pour leur culture. Ainsi, suivant la fameuse formule d'un Horace, si les Romains ont vaincu le pouvoir politique et militaire des Hellènes, ces derniers sont devenus ensuite les précepteurs de leurs conquérants.

On peut voir dans le latin une variante moins complexe--et par là moins noble--du grec. Mais on peut aussi considérer son génie propre, qui a donné Virgile, César, Horace, Cicéron, Tite-Live, Catulle, Ovide, Salluste, Pline et bien d'autres.

Ne serait-ce aussi que pour la tradition qui a fait du latin une lingua franca, langue commune du savoir, jusqu'au dix-huitième siècle*, on se trouvera largement dédommagé de la peine qu'on pourra se donner pour l'apprendre.
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* On citera des cas comme celui de Montaigne, qui parlait apparemment mieux latin que français !

Le grec - langue de la culture et de la beauté

Le grec représente aujourd'hui la culture dans toute sa plénitude.

Il est également--quoique moins que l'indo-européen--la porte ouverte vers toutes les autres langues indo-européennes, qui, tout en étant parfois très différentes, ne présentent que rarement un degré supérieur de complexité. L'apprentissage du grec aplanit les aspérités des langues qu'on apprendra par la suite.

Le grec permet l'accès à des hommes d'exception : Homère, Hésiode, Eschyle, Euripide, Sophocle, Hérodote, Thucydide, Platon, Aristote ; historiens, poètes, philosophes, dramaturges--tous participants et penseurs de notre condition humaine commune.

Il ouvre un pan dans la compréhension de nos langues et surtout de notre culture, qui ressassent depuis deux mille ans les pensées de ces hommes-là.

Jacqueline de Romilly, Jean-Pierre Vernant et d'autres l'ont souvent souligné. Montaigne, Ronsard, Chénier, Paul-Louis Courier ont manifesté cette richesse.

L'allemand - langue d'exception

Pour sa culture : virile, forte, disciplinée, loyale, c'est un peuple aux racines chrétiennes qui a produit des génies de l'envergure de Bach, Haendel, Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert en musique, de Goethe, Schiller et Hölderlin en littérature, pour n'en citer que quelques-uns.

Pour sa langue, qui a su conserver les déclinaisons, apanage de la complexité et de la merveilleuse précision des langues premières, qui ne sont pas dégénérées jusqu'à l'extinction. L'allemand moderne--par une prouesse de conservation--reflète en de nombreux points l'anglo-saxon, ancêtre de l'anglais.